Corps électoral, corps politique, corps citoyen en Kanaky-Nouvelle-Calédonie
- Jeudi 31 juillet | 19h00 > 20h00
Archipel du Pacifique sous souveraineté française depuis le milieu du XIXe siècle, la Kanaky-Nouvelle-Calédonie a connu une explosion sociale et politique sans précédent à partir du 13 mai 2024. Les dégâts humains, matériels et politiques ont été immenses, marquant l'arrêt brutal d'un processus de décolonisation unique dans l'histoire. Le conflit s'est cristallisé en particulier sur l'enjeu du corps électoral, que l'État français a voulu modifier unilatéralement. Dans cette ancienne colonie de peuplement de l'empire français, où le peuple autochtone kanak est devenu minoritaire du fait des migrations coloniales, qui est habilité à voter et à se prononcer sur l'avenir du pays ? Quels sont les "citoyens calédoniens" concernés par la dynamique de réconciliation postcoloniale entre anciens colons et anciens colonisés ? Qui est appelé à "faire peuple" ? Ces interrogations autour des frontières du corps politique calédonien invitent, au fond, à repenser les notions même de démocratie et de décolonisation.
Benoît Trépied est anthropologue au CNRS, membre de l'Institut de recherche interdisciplinaire sur les enjeux sociaux (IRIS). Spécialiste du Pacifique, il travaille sur les relations raciales et la politique locale en situation coloniale, les tensions et enjeux contemporains de la décolonisation en Kanaky-Nouvelle-Calédonie, et les rapports entre savoir et pouvoir dans le contexte colonial et postcolonial calédonien. Il a notamment publié Une mairie dans la France coloniale. Koné, Nouvelle-Calédonie (Karthala, 2010), La coutume kanak dans l'État. Perspectives coloniales et postcoloniales sur la Nouvelle-Calédonie (avec Christine Demmer, L'Harmattan, 2017) et, tout récemment, Décoloniser la Kanaky-Nouvelle-Calédonie (Anacharsis, 2025).