Le choix
des corps
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Le corps adamique

Séminaire Pré-Banquet - Ivan Segré - Banquet du livre d'été 2025 - © Idriss Bigou-Gilles
Ivan Segré

Salle polyvalente de Lagrasse

Accès payant sur inscription (40 places)

Dans l’antiquité, la tradition hellénistique a véhiculé une glorification de la pensée théorique dont le corollaire a été une dévalorisation du corps, l’opposition entre l’âme et le corps, l’esprit et la matière, ayant structuré l’axiologie d’un penseur comme Philon d’Alexandrie, principal représentant du judaïsme hellénisé.

 

Une telle dichotomie a en outre contribué à légitimer le patriarcat, le féminin étant assimilé à la matière, passive, tandis que le masculin était assimilé à l’esprit, actif ; d’où la fameuse affirmation d’Aristote au sujet de la femme au sexe « mutilé », l’imperfection de la femme au regard de l’homme devenant un lieu commun de la philosophie antique, attesté notamment sous la plume de Philon : « Le mâle est plus parfait que la femelle (…). La femelle n’est rien d’autre qu’un mâle imparfait » (Quaest. Ex. I,7).

 

Qu’en est-il dans le corpus biblique et talmudique ? Dans la Bible, la création de l’humain est relatée en deux temps, faisant l’objet de deux récits successifs : l’humanité est d’emblée créée masculine et féminine en Gen. 1, puis en Gen. 2 l’humain – Adam - est d’abord créé masculin, et c’est seulement après, dans un second temps, que la femme – Eve - est créée à partir de l’un de ses « côtés ». L’apparente contradiction de ces deux récits successifs est, de prime abord, énigmatique. L’objet du séminaire sera d’interroger cette énigme à la lumière de certains enseignements talmudiques, l’enjeu étant d’approcher l’antique conception juive du corps glorieux de l’humain et de réfléchir à la question que pose sa dualité, masculine et féminine.

Coproduction Le Marque-Page

 

Ivan Segré est philosophe et talmudiste. Ses travaux portent sur le judaïsme antique et médiéval, sur la philosophie classique et contemporaine, ainsi que sur les sciences humaines. Il est l’auteur de plusieurs ouvrages dont Qu’appelle-t-on penser Auschwitz ? (Lignes, 2009), Le Manteau de Spinoza (La Fabrique, 2014), La trique, le pétrole et l’opium (Libertalia, 2019), Misère de l’antisionisme (L’éclat, 2020) et La Souveraineté adamique (Amsterdam, 2022).