Le choix
des corps
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Nos éloquents bricolages contemporains

Conférence Dominique Memmi - Banquet du livre d'été 2025 © DR
Dominique Memmi

Parvis de l'abbaye

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Aucune société, dit Michel Foucault, ne laisse sans contrôle les usages que ses membres font de leur corps. Or les modalités changeantes de ce contrôle sont pleines d’enseignement. Autour de la naissance et la mort par exemple, en France, trois dispositifs se succèdent depuis l’après-guerre : à l’interdit pur et simple (de la contraception, de l’IVG, de l’euthanasie) et à l’impensable (de la PMA, du don d’organe, des soins palliatifs) succède dans la décennie 1965-1975 une massive réappropriation physique de soi modérée par un incessant « gouvernement par la parole ». Puis à partir des années 80, c’est une psychologisation impérieuse fondée sur l’idée que « le corps ne ment pas » : haro alors sur la pilule, la crémation, le don d’organe, l’adoption « excessive », et valorisation des pères face au cordon ombilical et des mères allaitantes… « Vrai » lien à l’enfant et « travail de deuil » seraient à ce prix.  Les usages régulés du corps ? Un extraordinaire reflet de nos scansions idéologiques… 
 

Directrice de recherche au CNRS, Dominique Memmi prend le « corps » comme un objet « bon à penser » pour les  sciences sociales, et dirige depuis 20 ans le séminaire Corps et sciences sociales. Elle a notamment publié Les Gardiens du corps (Éditions de l’EHESS, 1996), Faire vivre et laisser mourir (La Découverte, 2003), La Seconde Vie des bébés morts (Éditions de l’EHESS, 2011) et La revanche de la chair. Essai sur les nouveaux supports de l’identité (Seuil, 2014).